La législation du portage salarial : tout savoir sur ce dispositif innovant

Le portage salarial est un dispositif de plus en plus utilisé par les travailleurs indépendants et les entreprises, offrant une alternative intéressante au statut d’auto-entrepreneur ou de salarié classique. Cependant, il est important de bien connaître la législation qui régit ce mode de travail afin d’éviter les éventuelles difficultés juridiques. Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon complet sur la législation du portage salarial, ses avantages et ses limites.

Définition du portage salarial

Le portage salarial est un dispositif qui permet à un travailleur indépendant d’exercer son activité professionnelle tout en bénéficiant du statut de salarié. Le principe est simple : le travailleur indépendant signe un contrat avec une société de portage salarial, qui se charge de facturer les clients pour les prestations réalisées et de verser un salaire au travailleur sous forme de rémunération. Ainsi, le travailleur profite des avantages sociaux liés au statut de salarié (protection sociale, retraite, chômage) sans avoir à créer sa propre entreprise.

La législation encadrant le portage salarial

Le portage salarial est encadré par plusieurs textes législatifs et réglementaires. La loi n°2008-596 du 25 juin 2008 relative à la modernisation du marché du travail a été la première à reconnaître et encadrer le portage salarial. Par la suite, l’ordonnance n°2015-380 du 2 avril 2015 a précisé les conditions d’exercice et de fonctionnement du portage salarial, en définissant notamment les droits et obligations des travailleurs portés et des sociétés de portage.

Le décret n°2017-774 du 3 mai 2017 est venu compléter ces dispositions en fixant les modalités d’application de l’ordonnance de 2015. Il apporte notamment des précisions sur la rémunération minimale des travailleurs portés et sur les garanties financières exigées pour les sociétés de portage.

Les conditions d’accès au portage salarial

Pour accéder au dispositif du portage salarial, il est nécessaire de respecter certaines conditions. Tout d’abord, le travailleur doit exercer une activité professionnelle indépendante, c’est-à-dire qu’il doit être en mesure de trouver lui-même ses clients et de négocier les termes de ses prestations. De plus, il doit posséder une expertise dans son domaine d’activité, qui lui permettra d’intervenir auprès des clients en toute autonomie.

En ce qui concerne les sociétés de portage salarial, elles doivent respecter un certain nombre d’obligations légales. Elles doivent notamment être inscrites au registre du commerce et des sociétés (RCS) et disposer d’une garantie financière suffisante pour assurer le paiement des salaires et des charges sociales. Elles doivent également conclure avec chaque travailleur porté un contrat de travail en portage salarial, qui précise les modalités de la relation professionnelle et les conditions de rémunération.

La rémunération des travailleurs portés

La législation prévoit une rémunération minimale pour les travailleurs portés, qui doit être au moins égale à 70% du plafond mensuel de la sécurité sociale (soit environ 2 400 euros bruts par mois en 2021). Cette rémunération est versée sous forme de salaire, après déduction des frais de gestion et des cotisations sociales.

Le travailleur porté peut également percevoir une rémunération variable, qui dépendra des résultats de son activité. Il convient toutefois de noter que cette rémunération variable ne peut être inférieure à 50% du montant total perçu par la société de portage pour les prestations réalisées par le travailleur.

Les avantages sociaux du portage salarial

Le principal avantage du portage salarial réside dans la protection sociale dont bénéficient les travailleurs portés. En effet, en tant que salariés, ils sont affiliés au régime général de la sécurité sociale et profitent ainsi d’une couverture santé, d’une assurance chômage et d’une retraite complémentaire.

Ils peuvent également bénéficier d’aides à la formation professionnelle, notamment grâce à l’adhésion de la société de portage à un organisme paritaire collecteur agréé (OPCA). Enfin, le portage salarial permet d’accéder à des avantages en nature tels que les titres-restaurant, les chèques-vacances ou la mutuelle d’entreprise.

Les limites et les risques du portage salarial

Malgré ses nombreux avantages, le portage salarial présente également quelques inconvénients. Tout d’abord, il entraîne des frais de gestion qui sont prélevés sur la rémunération du travailleur porté. Ces frais peuvent varier en fonction des sociétés de portage et représentent généralement entre 5% et 10% du chiffre d’affaires réalisé.

Par ailleurs, le portage salarial peut poser des problèmes en termes de responsabilité professionnelle. En effet, en cas de litige avec un client, c’est la société de portage qui est juridiquement responsable des prestations réalisées par le travailleur. Il est donc essentiel pour le travailleur porté de s’assurer que la société de portage dispose d’une assurance responsabilité civile professionnelle adaptée à son activité.

Enfin, le portage salarial ne convient pas à toutes les professions. Certaines activités réglementées ne peuvent pas être exercées sous ce statut, comme les professions libérales ou certaines activités commerciales.

Dans l’ensemble, le portage salarial est un dispositif innovant qui offre une solution intéressante pour les travailleurs indépendants souhaitant bénéficier du statut de salarié tout en conservant leur autonomie. Toutefois, il convient de bien se renseigner sur la législation et les obligations qui en découlent afin de profiter pleinement de ses avantages tout en limitant les risques.